vendredi 5 juin 2015

L’inventaire circonstancié d’un des mythes artistiques les plus fantasmés

Mardi, arrive à Paris l'exposition David Bowie is, un an et demi après son lancement en fanfare au Victoria&Albert Museum de Londres. L'inventaire circonstancié d'un des mythes artistiques les plus fantasmés, révérés, disséqués du XXesiècle, abordé sous toutes les coutures - y compris vestimentaires, bien sr -, en rapport avec les mille et une métamorphoses ayant scandé un demi-siècle de saga pop afférente. Un motif de surchauffe pouvant en cacher un autre, le lustrage de l'illustrissime reclus a lieu, de surcrot, à la Philharmonie, le batiment le plus commenté, admiré, controversé de ce début d'année qui, entre ardoise faramineuse (a fortiori pour du béton et de la fonte d'aluminium), réussite acoustique et procès incongru de son batisseur (Jean Nouvel ruant dans les brancards du chantier pharaonique), s'offre en quelque sorte une deuxième inauguration maousse. Un mois et demi après le démarrage - réussi - de la salle de concert, c'est l'espace d'exposition qui se dévoile pour l'occasion. En amont, Libération a pu suivre le montage hors du commun d'un événement dont voici le making-of feuilletonné. La présence d'une htesse d'accueil a encore quelque chose de saugrenu dans le vaste hall nu et désert, tout juste traversé par quelques manutentionnaires et ouvriers. A moins de quinze jours de l'ouverture, on essuie toujours les platres, strico sensu. Mais sans stress apparent. Au contraire. La Philharmonie a beau être frachement sortie de terre, elle n'est que l'extension de la Cité de la musique mitoyenne qui, question expos, a déjà accroché le ban et l'arrière-ban de la culture populaire, de John Lennon à Pink Floyd, via Bob Dylan, Serge Gainsbourg ou Miles Davis. Le réceptacle n'est toutefois plus le même, puisqu'il s'agit désormais du rez-de-chaussée du nouvel édifice. Cela fait une dizaine d'années que nous gardions Bowie dans un coin de notre tête, revendique Eric DeVisscher, le directeur du Musée de la musique. Pour marquer l'aboutissement de la Philharmonie, il nous fallait une telle icne et dès que nous avons entendu parler de "David Bowie is", nous avons noué des contacts avec le Victoria&Albert Museum, qui ont abouti voici un peu moins de trois ans. Barnum muséographique, l'exposition suit un itinéraire de tournée mondiale de pop-star, à la différence près que les étapes ne se calculent pas en jours mais en mois. Après Londres, il y a eu Toronto, SoPaulo, Berlin et Chicago, d'où la came est partie fin janvier enavion-cargo, qui a transité par le Luxembourg. C'est Charlotte Marland qui aréceptionné les 120caisses frappées des initialesD.B., d'un volume global de157 m3, y comprisl'équivalent de 800 000euros de matériel audiovisuel. Tout est arrivé encapsulé et classé par format, dans des cadres en Plexiglass, ce qui facilite le transport, puis la manipulation et l'accrochage, explique la régisseuse des uvres. Mais quand on se retrouve nike tn requin pas cher france avec 26caisses rien que pour une seule section, cela n'en ressemble pas moins à un puzzle. La procession parisienne couvre 740m2 formant un espace volumétrique intéressant, mais qu'il a fallu apprivoiser sans aucun point de référence, précise Marion Challier, la coordinatrice du projet et responsable de son adaptation franaise. Une donnée qui vaut autant pour la partie visuelle que sonore, dans un parcours qui s'effectuera au casque - hormis la dernière salle, dite du show final, où seront projetés des extraits live à360degrés. Les casques restitués permettant de mieux gérer le flux des entrées, avec une jauge fixée autour de400personnes et un temps moyen estimé sur place à 1 h 30. Nous utilisons un système de géolocalisation, mis au point il y a dix ans, qui accompagne le visiteur dans ses déplacements, détaille Robert Généreux, Nike Air Max directeur commercial chez Sennheiser, qui a effectué ses premiers repérages sur le site il y a un an - et anticipé de même le prochain accrochage, prévu à Melbourne en juillet. Présent à Paris trois semaines en amont, le Québécois exprime également une grande sérénité à propos d'une démarche qu'il juge à divers égards plus proche du format concert ou théatre, que de l'expo traditionnelle. Je pourrais tout au plus mentionner comme problématique la différence de hauteur des salles [entre 4et 6mètres, ndlr], mais l'incidence sera imperceptible pour une oreille normale. Cape conue par Yamamoto pour la tournée Aladdin Sane de 1973. Photo Samuel Kirszenbaum Perceuses, rouleaux adhésifs et nivelles par-ci, échelles, bandes de moquette et cables par-là, le chantier avance, le bruit de l'aspirateur se superposant régulièrement Chaussure Nike Tn aux extraits de Changes ou FiveYears qui l'agrémentent. Photos, peintures, affiches, cuillère à coke(!), traces de rouge à lèvres sur un mouchoir en papier(!!)… quantité de reliques sont déjà installées, les costumes de scène posés sur des mannequins demeurant soustraits au regard par des capes blanches destinées à prévenir toute détérioration. Soigneusement verrouillée, la réserve du musée contient néanmoins encore de nombreuses pièces, que l'on prélève une à une des étagères avec un luxe de précautions gantées. Posée sur une table, la veste anthracite élimée que portait en1982 le Bowie acteur du Baal de Brecht, attend son transfert. Puis viendra l'heure du fameux chapeau beige pointu du Pierrot duclip Ashes to Ashes, des pochettes de vinyles et de quelques paires de chaussures immetables. L'essentiel de l'exposition provient air max 90 gs pas cher,nike air max pas cher femme,acheter nike air max 90 infrared du David Bowie Archive Storage. Un summum de syllogomanie, parat-il riche de 75 000éléments, dont 60 000photos, amoncelés par le shiva glam qui a de longue date maniaquement documenté une légende dont il aurait eu comme la prescience égocentrique - jusqu'à racheter au besoin ce qui lui aurait échappé ! Comparée au modèle anglais, l'exhibition franaise - comme les autres déclinaisons internationales - inclut quelques variantes ; mais l'ensemble doit respecter une série de critères prédéfinis (code couleur orange, charte graphique, typo…). Et, au fait, l'objet même du culte monographique, qu'en dit-il de tout a A ma connaissance, précise Marion Challier, il n'existe pas une seule personne concernée par l'expo parisienne qui a eu le moindre échange avec David Bowie. Notre contact le plus proche, c'est une certaine Sandy, qui tn requin taille 48 veille sur les archives. Elle suit chaque étape de la tournée et passe à intervalles réguliers. Quand le montage sera fini, je sais qu'elle viendra tout inspecter et même filmer, avant de donner son approbation. Mais j'ignore totalement ce qu'elle en dira, ou pas, à Bowie. Mardi 24février Des lux de précaution Avec deux jours d'avance, nous sommes tellement dans les temps qu'on pourrait presque ouvrir demain, s'il le fallait. Au seuil de l'aboutissement d'un an et demi d'intense préparation passée à régler mille et un détails, Marion Challier sillonne l'exposition à la recherche de ces imperfections qu'il est encore temps de corriger. Dès que je vois un truc qui cloche, je prends une photo que je transmets à l'assistant concerné. Mon iPhone, qui dans ce registre a révolutionné la faon de travailler, est ainsi bourré à craquer de clichés qui servent à faire des mood boards. Nike TN Ici, c'est la traduction du cartel accompagnant la pochette du single Heroes chanté en franais qui manque ; là, une vis apparente sur laquelle il faudra passer un coup de peinture. On apporte la dernière touche au graphisme et à la signalétique. Missionnées par le V&AMuseum, Nathalie et Claire suivent également le parcours, mais à l'échelle internationale, veillant à ce que partout l'esprit reste le même. Par rapport à la version originelle, les jeunes femmes trouvent cependant la déclinaison parisienne àla fois plus intime et plus spacieuse. Un paradoxe - Paris disposant de 100 m2 de moins - qui s'explique par une scéno configurée en une série d'espaces distincts où, notamment, la taille de toutes les images filmées a été agrandie. Conformément à notre vocation initiale, précise Marion Challier, nous avons vraiment souhaité placer la musique au cur du propos, là où Londres était peut-être plus focalisé sur le design et l'art contemporain. La gabardine illustrant la couv de Earthling, album sorti en 2005. Photo Samuel Kirszenbaum A une semaine du décollage, on déambule donc en conditions réelles dans le musée. Sans visiteurs, la température y est frache et l'atmosphère, pénombreuse, répond aux normes en termes de conservation des uvres - d'autant plus choyées qu'elles ont déjà pas mal circulé : 35lux pour les manuscrits sur papier, 50pour tout le reste. Les costumes de scène (chacun existant en plusieurs exemplaires, ce qui permet une rotation) sont dorénavant visibles sur les mannequins dont on a té les capuchons blancs. Fatalement spectrales, dans leurs tenues griffées Yamamoto, Armani ou Buretti, les créatures figées n'attendent plus que leur Belphégor. Comme à Londres, où la légende raconte qu'un dimanche à l'aube, il hanta seul les salles désertes du V&A. Mais on raconte tant de choses surBowie… Vendredi 27 février David Bowie est un autre Le grand panneau signalant l'exposition n'est pas encore posé au-dessus de la porte d'entrée, que Geoffrey Marsh a déjà entamé son laus. Quinquagénaire distingué, le directeur du département spectacle vivant du V & AMuseum et cocurateur (avec Victoria Broackes) de l'exposition, est venu briefer laquinzaine de conférenciers parisiens qui répondront aux questions du public (objectif : 200 000visites). Tous, salariés à la saison, ontsuivi un cursus musicologique et possèdent une bonne expérience des précédentes expositions temporaires de l'ex-Cité de la musique. Le volubile Geoffrey Marsh, qui avoue n'avoir jamais rencontré l'idole, ménage ses effets. Du style : David Bowie n'existe pas en tant que tel. Il n'est que l'incarnation du marionnettiste David Jones ; un enfant de la classe moyenne anglaise, grandi dans la grisaille londonienne de l'après-guerre, qui, dès l'age de 10ou11ans, décréta qu'un jour il serait une star et a fait absolument tout pour y parvenir, affirmant a posteriori: "J'ai essayé d'être moi-même et a n'a pas marché. Alors je me suis dit que je deviendrai quelqu'un d'autre et y suis parvenu". Le commissaire britannique fourmille de précisions quand il inventorie le butin. Dans une vitrine, figurent toutefois deux bouts de papier dont il ignorait l'existence. Le premier est un registre manuscrit stipulant la venue de David Bowie&The Lower Third à la discothèque parisienne le Golf-Drouot, les31décembre1965, 1er et 2janvier1966, pour 2000 F, htel en plus. Le second est un publi-rédactionnel extrait de Golf-Drouot Actualité, où un certain Robert Madjar fait la promotion dudit Bowie et d'un autre jeune chanteur, Arthur Brown: Vous ne serez pas déus après les avoir découverts. Et comme les jeunes Anglais du Marquee, vous les réclamerez à nouveau, j'en suis sr. Une prophétie qui se révélera un peu plus durablement fondée pour l'un, que pour l'autre.


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