samedi 6 juin 2015

Dans cette bataille, les enseignants se retrouvent éclipsés

Dans cette bataille, les enseignants se retrouvent éclipsés. Les politiques ont vampirisé la réforme, on n'arrive plus du tout à se faire entendre, se désole un délégué syndical. Les profs sont pourtant, nike air rift garcon avec les élèves, les premiers concernés par la réforme. Cahier en main, Libé est allé prendre la température dans quatre établissements. Constat : les enseignants ont des avis très partagés. Peu adhèrent sans réserve à la réforme. Certains la rejettent en bloc, d'autres voudraient voir quelques points modifiés, d'autres encore trouvent qu'elle n'est pas à la hauteur des enjeux du collège. Un appel à la grève a été lancé pour mardi. Reportages croisés à Marseille, Paris et Lille. Marseille :La fin des classes bilangues va donner plus d'élèves au privé Dans les couloirs du collège Jean-de-La-Fontaine de Gémenos, à une vingtaine de kilomètres de Marseille, la réforme du collège poursuit les enseignants jusqu'à l'heure de l'apéro, organisé dans un bar voisin. On n'est plutt pas d'accord, pointe Cathy Rezler, professeur de franais et latin. Même si certains sont moins virulents que d'autres. Le sort réservé aux langues anciennes Nike Tn Pas Cher la préoccupe particulièrement. Tel que c'est prévu, l'enseignement du latin finira par disparatre. Pourtant ce sont nos racines et a plat aux élèves ! Dans cet établissement plutt favorisé, l'option trouve facilement son public. On parle beaucoup d'élitisme, mais ce n'est pas le problème, corrige Cathy. Il y a des gamins qui ont des capacités, pourquoi ne pas leur proposer plus A l'inverse, a fait du bien à des élèves en difficulté d'être en réussite dans une matière dite difficile. Si les aménagements annoncés par le ministère semblent pour l'instant préserver en partie le latin, les professeurs sont plus inquiets pour l'allemand. Le collège Jean-de-La-Fontaine dispose d'une classe bilangue qui, jusqu'ici, permet de préserver une situation déjà fragile. L'allemand est en perdition dans le secteur d'Aubagne-LaCiotat-Gémenos, assure Anne Lecor, enseignante d'anglais. Déjà, il n'existe plus en langue vivante2. Elle pense que la réforme risque de donn er le coup de grace à la langue de Goethe.On nous dit que c'est pour mettre en Tn Nike place un système plus égalitaire, mais on ne fait que contourner le problème, rebondit Sébastien Cambriels, prof de maths. Cela ne fera que donner plus d'élèves au privé. Ce risque de fuite des meilleurs élèves vers le privé inquiète tout autant les enseignants du collège Versailles de Marseille, classé REP + (réseau d'éducation prioritaire). Le professeur d'italien Roberto Ambrogio fait toute l'année le tour des écoles TN Requin primaires du quartier pour vanter les mérites de la classe bilangue, atout de poids pour garder malgré tout de bons éléments dans son collège. Je travaille aussi dans un autre établissement du centre-ville classé REP où il y a une classe bilangue allemand. C'est positif, car a permet de maintenir un peu de mixité. Sylvain Pierredon, qui enseigne l'histoire, confirme : a tire les élèves vers le haut. En fait, il faudrait garder les classes bilangues en REP et les supprimer ailleurs. Pour lui, la réforme présente tout de même des points positifs, comme les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Mais c'est leur mise en place qui me stresse. C'est chronophage et les questions pratiques ont été éludées : Comment faire si un élève déménage Comment se coordonner avec les instituteurs Comment accorder les emplois du temps Pour toutes ces raisons, il sera en grève mardi, tout comme Aurélie Palat, professeur de franais et latin. Cela fait huit ans que j'enseigne et j'en suis déjà à trois réformes. Ce n'est pas le temps de l'éducation ! Chaque ministre veut rester dans l'histoire avec sa réforme, mais sur le terrain, c'est nous qui la subissons. AGémenos, les professeurs n'ont pas encore tranché. C'est dommage parce que dans cette réforme, tout n'est pas à jeter, souligne Cathy Rezler. Mais faire tout a de faon aussi brutale, a braque. Paris :a donne au chef d'établissement un pouvoir de division énorme On l'attrape au vol vendredi midi sur le trottoir, son casse-crote à la main, avant qu'il ne rejoigne la salle des profs. Antoine, 36ans, enseigne l'histoire-géo dans un collège de l'Est parisien : ici la mixité sociale existe, mélange d'enfants de bobos et de familles populaires. Le principal de l'établissement, sur le pas de la porte, n'est pas du tout rassuré qu'on parle à son équipe, même à l'extérieur - Je vais me faire taper sur les doigts par ma hiérarchie si vous donnez le nom du collège. Quatre courageux profs acceptent malgré tout la discussion dans le troquet du coin. Antoine entame : Bien sr, entre nous, on discute beaucoup de la réforme. La salle des profs est vraiment divisée : il yales "pour", les "à fond contre", et les"mitigés", qui ne sont pas opposés sur le principe mais s'inquiètent du manque de moyens. Il se range dans ce dernier groupe. Je n'ai rien contre l'interdisciplinarité [faire un cours commun avec un prof d'une autre discipline, ndlr]. Mais cela nécessite du temps de concertation. Ce temps-là n'est prévu nulle part. Antoine se souvient avec amertume des itinéraires de découverte - mis en uvre en 2002 et qui allaient dans le sens de l'interdisciplinarité - vite tombés à l'eau faute de temps pour les construire. Pour flinguer les EPI, ils ne peuvent pas mieux s'y prendre, poursuit-il. Sa collègue Florence, trente ans d'Education nationale derrière elle : On alourdit notre charge de travail sans contrepartie. A chaque fois, c'est la même histoire, comment voulez-vous que a tienne Bien que déue, elle ne fera pas grève mardi. Je ne veux pas être assimilée à ceux de droite qui défendent le statu quo. Dans la salle des profs, raconte encore Antoine - qui ne fera pas grève pour des raisons financières - un gros sujet d'inquiétude revient : la plus grande autonomie laissée aux établissements. 20% du temps scolaire sera laissé au libre choix du conseil pédagogique de chaque collège, qui optera pour tel ou tel projet d'interdisciplinarité, dédoubler telle ou telle classe, proposer ou non un enseignement de complément en latin… Autour de la table, chacun y va de sa crainte : a va créer des disparités entre les collèges ; tout va dépendre du chef d'établissement, parce qu'au final, c'est lui préside le conseil pédagogique ; a lui donne un pouvoir de division de l'équipe énorme. Il aurait fallu donner ce pouvoir à la salle des profs, tranche d'un sourire Jérme, prof de franais depuis dix-huit ans. Un collègue, enseignant en sports, fumant sa clope : Je trouve qu'on s'éparpille trop. On essaie d'apprendre mille choses aux élèves alors qu'il faudrait commencer par s'entendre sur cinq qu'on estime fondamentales. Et que ces cinq-là, à la fin du collège, tous les gamins les aient acquises. Il s'enflamme, impossible àarrêter. Que veut-on que les élèves sachent faire en sortant du collège Je dis bien "sache faire", car pour moi, ce n'est pas en ingurgitant du savoir mais en apprenant à utiliser l'information qu'ils trouvent partout. Se mettre en situation de réfléchir. Voilà ce que j'aurais aimé, comme réforme. Lille :Avec les EPI, nous allons avoir une vraie liberté pédagogique Dans ce collège de la banlieue de Lille, classé en réseau d'éducation prioritaire, les profs ont un peu de mal à comprendre tout ce foin à propos de la réforme. La disparition des classes bilangues Pour moi, c'était un élitisme, on favorisait un petit nombre au détriment du grand nombre. Avec la réforme, il y aura autant d'heures d'anglais ou d'allemand, mais plus d'élèves en profiteront, note Frédéric, qui enseigne en Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté). Seule Peggy, prof de franais, les défend : Dans notre collège, nous faisons déjà beaucoup de choses pour les élèves en difficulté. C'est important de créer aussi des moments pour les élèves très bons. La principale de l'établissement compte s'appuyer sur les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) pour continuer à attirer les élèves des classes moyennes et supérieures, dans cette ville où la rupture sociale est très marquée entre un centre-ville bourgeois et les quartiers HLM. Nous avons deux sections européennes, en anglais et en espagnol : elles vont continuer à exister, sous une autre forme. On n'enlève rien, on va au contraire approfondir les enseignements, estime-t-elle. Les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), c'est pourtant la vraie inquiétude de l'équipe pédagogique. Un beau projet sur le papier, mais une vraie révolution culturelle. Nous allons devoir travailler avec les autres professeurs, mais nos programmes sont parfois en décalage, s'inquiète Sad, professeur d'EPS. Par exemple, la course de durée est prévue en sixième, idéale pour faire contrler aux élèves leurs pulsations cardiaques, leur souffle, qui sont des notions de SVT, mais qu'ils ne voient qu'en cinquième. Peggy, elle, est inquiète pour les élèves. Vont-ils s'y retrouver, maintenant qu'on veut mélanger toutes les disciplines Elle a le regret des enseignements de sa jeunesse, avec grammaire le lundi, orthographe Nike TN le mardi, conjugaison le jeudi, où tout était très cadré. L'interdisciplinaire n'est pas sa tasse de thé. Les enseignants voient se profiler les casse-tête dans les plannings et craignent que a patauge dans les premiers temps. Clara se sent cependant flattée : Nous allons avoir une vraie liberté pédagogique. Le ministère fait confiance aux équipes. Cette confiance est même inscrite dans le programme de faon officielle, apprécie Frédéric. Je ne me souviens pas de la dernière fois où c'est arrivé. Il trouve le signal fort et ne fera pas grève ce mardi, ni aucun des professeurs présents. Dans les collèges de REP, ils ont l'habitude des remises en cause et de la culture du projet, nécessaires pour lutter contre le décrochage scolaire. L'un d'eux glisse, un brin perfide: Nous, nous nous adapterons au changement. Mais la réforme va être plus difficile dans les collèges de centre-ville. air rift shoes


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